.Reflet à l’infini
La robe a dévêtu son corps et le corps s’est revêtu d’espace. Reflet de la nage cosmique du corps arc-en ciel sur l’eau où dansent dans L’ŒIL l’infini des phénomènes. A.G.G. J’ai longtemps cherché une façon juste de donner forme à Lettre à Éléonore de Daniel Odier en tentant de faire un pont entre ma démarche d’illustratrice et celle de peintre qui procède souvent, dans mon cas, par l’utilisation de l’empreinte du corps humain sur la toile. Les questions posées par Éléonore étant viscéralement reliées au corps et au mystère de la Vie qui l’anime : j’ai imprimé sur les surfaces de plusieurs toiles le corps de deux fillettes de 7 ans. J’avais alors imaginé que ces empreintes me serviraient de base pour mon projet d’album. Durant tout ce long processus créatif, je suis restée en lien avec Daniel Odier ainsi qu'avec son éditeur, écrivain et journaliste, Marc de Smedt, en leur faisant part sporadiquement de mes explorations. J’ai fini par réaliser que la charge dramatique qui se retrouvait dans mes tableaux et leur complexité s’adaptait mal au marché de l’album jeunesse. J’ai donc laissé ce projet pour me permettre de le mûrir. Je désirais ardemment que mon travail de création puisse porter avec vérité les très beaux messages de l’auteur à l’enfant en chacun de nous.
La série d'images ci-dessous tirée d'un grand tableau, sont mes toutes premières créations en 2013-2014 et qui se sont transformées au cours des années. Celles-ci n'en demeurent pas moins précieuses dans mon parcours. La façon dont j’ai abordé ce projet d’album avec toutes ses explorations picturales intuitives, est en elle-même une démarche inusitée. D’emblée, d'avoir illustré ce texte peu banal dont le propos « est saturé d'un amour véritable pour les chercheurs », est en soi une approche singulière. Je crois au pouvoir transformateur des albums jeunesse et de leur immense importance dans la vie psychique des enfants. J’ai dû faire un long travail sur moi-même afin que naissent mes premières illustrations. Les parents qui liront cet album avec leurs enfants ne pourront faire autrement que de grandir avec eux, la quête d’une communication vraie et réciproque entre adultes et enfants balayant les illusions. C’est en lisant, en 2013, le livre de Daniel Odier, Le grand sommeil des éveillés (Les Éditions du Relié Paris) que m’est venue l’idée d’illustrer La lettre à Éléonore qui se trouve au chapitre dix de ce livre incandescent. Éléonore est une fillette de sept ans qui dans une lettre adressée à Daniel Odier lui pose « huit questions magnifiques et essentielles que se posent tous les êtres et auxquelles ils ne reçoivent jamais de réponse directe ». (Daniel Odier, tirée de Lettre à Éléonore, page 89, chapitre 10). Inspirée par cette lettre, je me suis identifiée à Éléonore dans son questionnement essentiel. Convaincue que cette lettre sous la forme d’un album illustré trouverait sa place dans le cœur des enfants, j’ai écrit à l’auteur qui m’a fait part de son enthousiasme; mais aussi, à son éditeur, Marc de Smedt, afin de savoir s’il m’accorderait les droits d’utilisation du texte en vue d’une publication jeunesse. Les réponses d’une grande profondeur de Daniel Odier à Éléonore sont intimement imprégnées de sa connexion à l’Être. Elles m’ont permis de me brancher directement à ce réservoir de bonté. J’ai entamé immédiatement le processus de création de Lettre à Éléonore en peignant sur une grande toile un univers imprégné de son contexte sensible, y mêlant celui de ma propre enfance. L’œuvre, qui n’était pas vraiment une illustration, a été présentée lors de mon exposition, LE CORPS HABITÉ, au Centre d’Exposition à Repentigny cette même année. En 2021, en pleine pandémie, ce temps d’arrêt forcé, j’ai repris le projet de La lettre à Éléonore. J’ai sélectionné plusieurs détails du premier tableau que ce texte m’avait inspiré pour créer de nouvelles images. J’ai retravaillé celles-ci en rééquilibrant leurs couleurs, les aies peaufinées, éliminant ainsi certains éléments dramatiques qui, dans le cadre d’un album jeunesse, ne convenaient plus. J’ai transposé également certains détails d'une image à l'autre, bref un véritable travail d'intégration et de recréation. Six nouvelles images sont nées de cette démarche singulière. J’ai également fait un travail éditorial en me permettant d’élaguer certains passages du texte afin de le rendre plus accessible, tout en gardant l’essentiel de son propos. Tableau ayant servi à la création de six illustrations de l'album Lettre à Éléonore L’intérêt pour mon travail manifesté par les Éditions du Relié, dont la mission est celle de promouvoir des livres qui relient à l’essentiel, a permis à ma marginalité de trouver un terreau fertile dans lequel mes œuvres ont pu se développer pour éventuellement essaimer. Ma jeunesse passée dans divers pays, mon approche sensible de peintre et mon talent de conteuse font en sorte que les illustrations que je sais créer touchent de façon toute particulière un public sans frontières et assoiffé de beauté et de sens. Illustration tirée de l'album Lettre à Éléonore Au cours de ma carrière d’illustratrice, mon travail a toujours interrogé le sens profond de notre existence. Mes images qui distillent plusieurs niveaux de lecture s’adressent tant aux enfants qu’aux adultes. En guise d’exemples, je ne citerai ici que deux titres : Shõ et les dragons d’eau (Annick-Press, Toronto, Prix du Gouverneur Général du Canada), Les cerfs-volants ensorcelés (Leméac, Montréal) que j’ai écrits et illustrés et qui sont le fruit de mon parcours réflexif et philosophique. Ils sont un hommage au maître Zen, aujourd’hui décédé, qui m’a enseigné de 1989 à 2000. Son héritage demeure encore pour moi une source d’inspiration. Le directeur des Éditions du Relié, Marc de Smedt a lui aussi suivi un maître zen, Taïsen Deshimaru, durant une dizaine d’années. Bien avant de connaître cet éditeur qui aussi auteur, journaliste et enseignant de méditation, j’ai longtemps vécu en compagnie de sa « famille de cœur », les livres de sa collection Spiritualités vivantes chez Albin Michel. Ma bibliothèque abritait de nombreux ouvrages qu’il avait publiés sur le zen.
Reina Sakao qui a commencé à pratiquer la Voie du thé avec sa grand-mère à l'âge de 14 ans est l’héritière d’une tradition familiale datant de quatre générations. Sa famille produit des thés et dirige une maison thé au Japon. Misao Tsutsumi, musicienne jouant du koto, instrument traditionnel du Japon, accompagne ici Reina Sakao durant la cérémonie du thé. Reina Sakao m'initie à l'une des nombreuses pratiques de la cérémonie de thé. L’histoire de Shõ et les dragons d’eau, une histoire se déroulant au Japon que j'ai écrite par le passé ainsi que ses suites que je suis en train de rédiger, sont le fruit de mon parcours réflexif et philosophique. J’y explore encore aujourd'hui différents thèmes me permettant de créer des mises en situation qui génèrent des prises de conscience. Le maître du temple MuKiKu Zen Ji, que j'ai fréquenté autrefois en tant que laïque durant une dizaine d'années, m’a transmis généreusement de précieux enseignements. Aujourd’hui, le maître zen est décédé et le monastère n’existe plus. Il n’empêche que ses enseignements continuent de mûrir en moi et restent toujours source d’inspiration.
Voici l'anecdote en lien avec la cérémonie du thé à la maison : MuKiKu tenta d’instaurer dans nos pratiques la cérémonie du thé, chadô. Cette pratique spirituelle se retrouve dans le Zen, le Chan et le Dao ou Tao. MuKiKu m’invita un jour à recevoir son enseignement de cette pratique. J’étais alors une jeune femme impulsive et j’y ai réagi négativement. Cela se passa ainsi : à la fin d’un repas pris en commun avec les moines, MuKiKu me nomma officiellement la future maîtresse de cérémonie de thé à la Sangha. La Voie du thé, déclara-t-il, ne se ferait pas sans moi. Mais je n’avais aucunement envie d’apprendre ces rituels complexes et rigoureux. Dans ma tête, des images de gracieuses et soumises geishas déambulant dans les salons de thé en servant la gent masculine fortement machiste résumaient fâcheusement ce rituel. Je ne comprenais pas, à l’époque, la profondeur de la Voie du thé qui d’ailleurs ne m’a pas été enseignée après mon refus. La mémoire de cette mise en situation est restée en moi comme un faux-pas, un inachèvement, une création laissée en plan. Cet épisode fait en sorte qu'à travers les personnages de ma saga japonaise, je vais également explorer cette pratique et l’éveil qu’elle peut parfois provoquer. Mon exploration autour de ce thème a pris cet été la forme d'une initiation plus personnelle se déroulant chez moi. En célébrant plus intimement avec Reina Sakao et Misao Tsutsumi la beauté de ce bref instant, cela devrait me permettre de m'infuser dans « le réel merveilleux» de cet art et nourrir par la suite mon écriture. Description de mon œuvre conçue à partir de plastiques recyclés. Titre : C’était le temps des fleurs, on ignorait la peur… En ces temps chaotiques de fureur guerrière, la peur et la tristesse nous envahissent plus facilement. C’est pourquoi mes fleurs se veulent contagieusement joyeuses. Elles, qui revêtent différentes couleurs se fanant au cours des saisons, partagent dans leur cœur un même rouge incandescent qui symbolise le courage, l’amour, la force, la sérénité et la sécurité dont nous avons tous besoin. Dans la profondeur du rubis de leur cœur, elles ne connaissent plus la peur. ÉVEIL est un concept d'exposition publique issu du Service de la Culture et de la Vie Communautaire de Vaudreuil-Dorion auquel Stéphan Daigle et moi avons participé. Il impliquait une dizaine d'artistes qui ont démontré beaucoup d'imagination dans l'interprétation du thème imposé. Voici qelques photos prises au cours du processus de création et de l'installation In Situ. À propos de mes poèmes sur des mélodies russes et tziganes russes Annouchka Gravel Galouchko J'ai été bercée depuis ma plus tendre enfance par la beauté du piano de ma mère québécoise, (elle l’enseignait professionnellement), mais aussi par les résonances plus nostalgiques du piano de ma grand-mère russe et de la guitare de mon père qui chantait de temps à autre des airs russes et tziganes russes. Mon père est né à Paris de parents russes exilés en France après la révolution russe. Nous avons été élevés en français, c’était la langue commune de mes deux parents. Bien que les sonorités de la langue russe me soient familières et que celles-ci fassent partie intiment de mon être, je ne la parle pas. D’avoir associé mes textes à d’anciennes mélodies russes me permet de faire un lien émotionnel avec les racines paternelles. Dans mon travail d'artiste multidisciplinaire, à travers la gravité de certains thèmes que j'aborde depuis longtemps comme ceux de la guerre, de l'exil, ou encore la notion d'identité : je cherche avant tout à me reconnecter à mon origine véritable, à ma vraie demeure, comme on le dit si bien dans la tradition humaniste zen. Les chansons que vous pourrez écouter lors de cette exposition dont Quand la chambre sourit au silence, Sur le lac des Îles et Au jardin visionnaire parlent de cette « vraie demeure » et du sentiment d'unité et d'harmonie que nous avons déjà tous goûtés et dont nous avons la nostalgie et qu'il est possible de retrouver en nous-mêmes. L'histoire et l'horreur de la guerre se répètent sans cesse. L’humanité tourne en rond comme un vieux vinyle abîmé. L'évacuation et l'exil se perpétuent massivement aujourd'hui en Ukraine, mais aussi en Russie où les esprits libres, qui en ont les moyens, fuient leur pays. C’est très difficile d’échapper à la mémoire transgénérationnelle reliée aux souffrances de la guerre et je compatis profondément avec tous ces gens qui vont devoir tôt ou tard affronter leurs peurs et cauchemars. J'ai projeté plus d'une fois dans mes tableaux les vieux fantômes de mes ancêtres russes et ukrainiens (mon nom de famille Galouchko est d’origine ukrainienne) qui stagnaient dans mon corps. Au cours des années, l’art et la philosophie zen m'ont permis de guérir des lambeaux de souffrances issues du passé familial. La chanson du Sûtra du Cœur de l’Armée rouge ici relate le récit du poignard de mon grand-père. Sous le nouveau régime bolchévique, mon grand-père Ievgueni se retrouve comme bien d’autres coincé et embarqué malgré lui dans le mouvement cauchemardesque de la guerre civile fratricide. Il sait que d’un jour à l'autre, il va forcément être enrôlé par l'armée rouge; tous ceux qui refusent d’y adhérer sont exécutés. Ievgueni choisit finalement de joindre la marine contre révolutionnaire. Il ne faut pas se le cacher, l'armée blanche, issue de l'impérialisme tsariste capitaliste, est tout aussi cruelle dans son idéologie que l'autre armée rouge engendrée par la blanche. Tout ce qui se termine en" iste" est idéologique et ne peut transcender la dualité du mental séparateur. Mes grands-parents se marient la veille du départ de mon grand-père pour le front. S’étreignant passionnément, les jeunes gens d’à peine vingt ans s’échangent des médaillons avec leurs photos. Ievgueni promet de tout faire pour survivre au fléau. Mon père m’a raconté comment l’Escadre blanche n’était qu’une poignée d’hommes pour résister à la marée rouge qui déferlait sur l’immense Russie. Grand-père a participé, en Crimée, à l’exode russe et ukrainien vers l’étranger. Le nombre d’exilés s’élevait à plus de 150 000 volontaires dont plus de la moitié étaient des civils. Les cales étaient bondées de militaires, de mères, d’enfants, d’écrivains, d’artistes, de professeurs, de chercheurs, tous condamnés en Russie à la persécution, au bagne ou à la mort. L'exil final de mon grand-père en France, puis la fuite clandestine et miraculeuse de ma grand-mère qui a réussi à le rejoindre à Paris en 1922, ont permis la rencontre de mes parents en Saskatchewan au début des années 50, puis ma naissance dans les années soixante à Montréal. Ma chanson Nastalguya parle de la fuite clandestine de ma grand-mère. Sous le système central de terreur rouge, tenter de sortir du pays sans autorisation entraînait dorénavant la mort. Larissa laisse, malgré cela, tout derrière elle afin de renaître dans une terre nouvelle où son bien-aimé l’attend. Elle tranche au péril de sa vie le cordon ombilical qui la relie corps et âme à son pays et à sa mère. Celle-ci cache contre le cœur de sa Lara, en guise de protection, une petite icône de Marie. Désormais, c'est une autre mère, Marie de la providence, qui veille et guide Larissa alors que ses deux passeurs tentent de la violer et qu’ensuite, elle se perd dans les bois à la frontière de la Pologne. Sur la table de chevet de ma grand-mère Baba, reposait un petit coffret contenant de la terre du jardin de sa famille. Dans cette terre étaient encore enfouies d’énormes souffrances causées par l’exil et les guerres. De la nostalgie aussi causée par la perte du paradis perdu de son enfance au domaine de ses grands-parents où elle était née. En me parlant de son grand-père qui était un poète, de magnifiques souvenirs remontaient soudain à la mémoire de grand-mère. Larissa avait répété : comme tout ceci est beau, lointain, paisible, comme dans un rêve… La réalité: nous sortir du rêve égocentrique douloureux pour en recréer d'autres issus de la conscience non séparatrice. Le projet de L’ŒIL & L’OREILLE Stéphan Daigle Annouchka Gravel Galouchko et moi partageons tout depuis plus de 35 ans. Artistes, nous ne cessons d’échanger sur notre travail et sommes forcément influencés par l’art de notre conjoint. En même temps, chacun tend à développer son art dans un champ qui lui est spécifique. C’est ainsi qu’Annouchka œuvre davantage au plan littéraire et n’a jamais cessé de chanter ou de jouer d’un instrument musical : tout cela en continuant à créer de puissantes œuvres picturales. Pour ma part, mon art est principalement resté axé sur la recherche visuelle en même temps qu’un intérêt sans cesse croissant me pousse à écrire des textes poétiques et réflexifs. Lorsque nous travaillons ensemble à la création d’une œuvre, l’alchimie de notre dynamique nous amène à développer de nouvelles approches créatives et ouvre de nouveaux champs d’exploration. D’une certaine manière, un troisième artiste naît de ce type de collaboration. Le projet L’ŒIL & L’OREILLE nous réunit autour de nos passions tout en permettant à chacun d’affirmer haut et fort sa sensibilité propre et sa personnalité artistique. De là même le fait de travailler majoritairement avec les musiciens-compositeurs différents que sont Mario Trépanier et Stéphane Beaulieu. Il reste qu’Annouchka et moi avons d’identiques préoccupations et valeurs et attachons essentiellement de l’importance aux mêmes questions. Nous nous savons unis par-delà toutes les apparences et fondons notre relation polyphonique sur cette reconnaissance. Comme nous l’avons mentionné dans d’autres documents, le souvenir du bonheur vécu plus jeune à la réception d’un album 33 tours de nos artistes et groupes préférés est à l’origine du concept de L’ŒIL & L’OREILLE. Si vous l’avez vécu, nous espérons que cette exposition fera renaître ce même bonheur. Si vous n’avez pas connu ce bonheur, nous espérons que ce sera pour vous une heureuse découverte. Stéphan Daigle Précieux témoignages d'auteurs
Quelle joli chant plein d’une incurable nostalgie, il faut le partager, tous vont t’écouter avec beaucoup d’émotion et sentir naitre en eux la tendresse que tu éprouves pour la grand-mère perdue. Marie-Claire Blais, autrice J’ai beaucoup aimé la chanson pour ta tendre babouchka, et surtout l’âme, la dousha que tu y as mise. Tout ton amour s’y trouve résumé. Marie-José Thériault, autrice Voici aussi 2 lettres reçues de Pauline Michel, une autrice et poète reconnue à propos de notre travail commun. Elle y associe son compagnon Mario Pelletier, lui aussi auteur reconnu. Très chers inséparables, Je vous admire tellement! C'est bien normal que je vous le dise! Vous êtes des artistes exceptionnels et de si beaux humains! Vous tracez, pour vous et les autres, un chemin de créations remplies d'imagination et de beauté, vous deux, en quête d'un INFINI qui vous habite déjà puisqu'il CROIT et CROÎT en vous! MERCI pour vos œuvres et votre rayonnement qui se rend jusqu'à moi parmi bien d'autres qui n'ont pas fini de se manifester. Avec sincérité, Pauline Très chers Annouchka et Stéphan, Comment vous dire à quel point j'ai été ÉMUE et ÉMERVEILLÉE de voir, de lire, d'entendre vos créations, en suivant vos liens qui nous attachent encore plus à vous deux? Vous êtes de si grands artistes ! Je vous connais depuis longtemps, mais toujours vous m'étonnez, m’épatez par vos réalisations picturales, musicales, littéraires! Vos voix parlées et chantées nous touchent aussi par leurs timbres, leurs vibrations empreintes de sensibilité. Mario et moi avons partagé de grands moments de bonheur avec vous, cette semaine, grâce à la technologie. Je conseille à tous ceux qui lisent ce courriel de visiter ainsi votre vaste et fabuleux univers. Des heures d'émotions et d'émerveillement! VOUS AVEZ TOUTE NOTRE ADMIRATION ET NOTRE AMITIÉ! TRÈS SINCÈREMENT, Pauline Un projet artistique multidisciplinaire d'Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle Inspiré par les albums 33 tours de notre jeunesse, notre projet de création multidisciplinaire comprend l’écriture de poèmes chantés ou lus sur des musiques originales et présentés dans une exposition proposant des similialbums illustrés de nos œuvres picturales ou de nos photographies créées ou parfois adaptées pour cette occasion. Nous avons fait appel à deux musiciens et compositeurs de nos amis afin de réaliser notre projet. Stéphane Beaulieu qui a principalement travaillé jusqu'à maintenant avec Annouchka Gravel Galouchko et Mario Trépanier qui a fait de même avec Stéphan Daigle. Dans le cadre de l’exposition à la Maison Félix-Leclerc de Vaudreuil, une animation sur écran présentera dès le 15 juin les textes chantés ou lus sur les musiques accompagnés des œuvres illustrant les pochettes des différents albums reliés à chaque poème. Lors de cette exposition, les pochettes seront présentées au public afin qu’elles puissent être manipulées tout comme les albums de notre jeunesse. L’exposition L’OEIL ET L’OREILLE est un projet en évolution. Celle-ci évoluera selon les lieux où elle sera présentée. Pour l’instant le projet comprend 12 chansons. Il s'y ajoutera donc au fil du temps de nouvelles créations. Photos prises par ©Claudelle Boutin 2022, avant et lors du vernissage à la Maison Félix-Leclerc le 29 mai dernier.
Ce texte parle d'une expérience de montée de kundalini et fait suite à mon article précédent. Voici un poème de notre amie, Barbara Sala (rédigé avec l'aide de Stéphan Daigle pour sa rédaction en français) à partir d'une de mes œuvres et d'une autre de Stéphan Daigle, dans le cadre de notre résidence à la Maison Félix-Leclerc à Vaudreuil-Dorion où l'on donne des ateliers de 2h à 4h, les samedis et dimanches, jusqu'au 22 mai. Être sans tête ©Barbara Sala et Stéphan Daigle 2022 Est-ce un être sans tête qui sort d’un imaginaire foisonnant? Est-ce un fantôme portant un masque effaçant son visage? Est-ce une présence mystique qui possède un cœur aimant? Sans bras, sans mains, sans tête et sans visage Un être filiforme, grand et élégant Dansant au-dessus d’un océan de nuages Cerclé d’un arc jaune, rouge, orange Un jour, écrivant une lettre Un rayon lumineux fondit sur moi et me secoua Mes résistances soudain effacées me plongèrent dans un grand abandon d’extase Je ne sentais plus mon corps, je n’avais plus de mains Je flottais comme ce personnage dans une grande félicité Tous chagrins, toutes douleurs, toutes souffrances disparues Seules mes pensées, flèches aigües et métalliques M’indiquaient que j’étais encore vivante et sur cette Terre J’étais sans forme, comme noyée dans un doux nuage invisible L’âme, avant qu’elle ne s’incarne dans un corps éphémère Dans un uniforme charnel bientôt désintégré Jeanne d’Arc était-elle imprégnée d’une telle présence Et n’a pas ressenti la dévoration des flammes? Ainsi deviendrai-je spirale, sans tête, ni corps Embrassant le soleil et les étoiles Terminant ainsi mon voyage sans visage, ni identité Présence transcendant toutes formes Vacuité créatrice Image 1 ©Annouchka Gravel Galouchko . Image 2 ©Stéphan Daigle
Lettre à Marie-Claire Blais Annouchka Gravel Galouchko, 2020 Chère Marie-Claire, En contemplant certains de mes tableaux, tu as écrit pour la préface du recueil Envol imaginaire consacré à ma peinture : que mon empreinte charnelle faisait vibrer la toile; qu’aux frémissements de joie des corps vivants qui s'enlacent ou se quittent se mêlait une peur sourde, car mes sensuels danseurs au paradis dansent aussi sur un monde en feu. Que je recréais l'innocence d'un paradis dont je connaissais la précarité, un paradis toujours sur le point d'être perdu, anéanti par les fureurs guerrières de notre temps. Que je peignais cette chair rouge des vivants, facilement blessée; que je peignais ce paradis où s'enflamment les arbres, que leurs têtes se transformaient en brasiers tendant leurs branches fécondées; que je revêtais aussi d'or et de cet insoutenable bleu fondant vers le noir les anges ou les saints, comme d'errantes victimes cherchant leur parcours entre terre et ciel. Ou ce qui fut hier le paradis, pour elles. Marie-Claire, ce n’est pas peu dire, le mot paradis pour décrire mes œuvres revient 5 fois dans ton texte poétique. Ébranlée dès mon plus jeune âge par la souffrance du monde, je cherche à me réveiller du cauchemar collectif et à retrouver en moi ce fameux paradis dont nous avons tous la nostalgie. Car, au plus profond de nous-mêmes, nous y avons déjà goûté. Petite fille, je berçais et soignais de mes tendresses enfantines un crucifix que ma famille avait rapporté de Jérusalem. En guise de prière du soir, je le bordais dans une boîte à chaussure transformée en lit douillet. Dans mon cœur d’enfant, le pauvre Christ amoché faisait tellement pitié que je me devais de le guérir et de réparer tout le mal qu’on lui avait infligé. Jeune femme dans la vingtaine en 1986, alors que je suis intensément concentrée dans la création d’un tableau, soudainement une puissance redoutable se réveille dans mon corps. Au moment même où mon pinceau trace un grand trait rouge à la toile, une flèche de feu me traverse du coccyx à la fontanelle qui m'ébranle en un formidable vrombissement qui s’élève le long de ma colonne vertébrale. Un geyser d’énergie brûlante jaillit avec une telle force vers ma tête que j’ai la sensation que mon cerveau explose. Le feu décoché telle un flèche se dissout étincelant dans l’infini du ciel. Mon trait de feu retourne dans la blancheur de la toile immaculée. Durant ces quelques instants, je deviens l’espace clair et vide. Ce premier éveil de la kundalini déclenché en plein acte de création est si violent que je panique. Sans expérience, je m’imagine avoir perdu mon âme. Puis mon mental s’emballe de concert avec mon cœur. Mon corps brûle et tremble de froid. Le souffle du dragon a ouvert une brèche dans les profondeurs de mon inconscient. Les guerres de l’humanité défilent dans le grand miroir de ma psyché affolée. D’intolérables scènes guerrières d’avions en flammes et de bombardement affluent dans mon esprit. Dans les pays de l’Est, je subis la crémation. En Inde, je suis l’épouse sacrifiée au bûcher. Au moyen-âge, sorcière, je deviens torche vivante. J’ai la sensation que mon corps aspire à lui toutes les misères et flammes du monde. Dans cette nuit noire de mon âme de peintre, je projette mon trouble sur de très grandes toiles. Le mental en cavale et le corps nu, enduite de peinture, je m’imprime sur les surfaces blanches pour tenter de m’enraciner dans la matérialité. Le besoin de sentir le prix de l’effort physique m’amène à travailler sur des panneaux de bois dont je brûle des sections à la torche pour ensuite les arroser à grande eau. Le bois attendri par le feu révèle des surfaces texturées qui parlent des ravages de ma propre expérience. Un feu purificateur? Je ramasse aussi des rebuts dans les cours de récupération. Mais aussi des os que j’intègre dans mes œuvres. Mes mains sont si pleines d’énergie que je suis poussée par cette force indescriptible qui canalise mon imaginaire vers la création. J’ai l’impression de transformer les scories de l’inconscient collectif en or. Je t'embrasse , Annouchka Mercredi 4 mai 2022 Chère Marie-Claire, nos âmes se sont rencontrées. Tes mots ont sus nommer la fragilité sensible véhiculée par mon travail. Tu m’as offert ton amitié et ton soutien. Je t’en suis profondément reconnaissante. Aujourd’hui que tu nous as quittés, l’écho de ta présence résonne toujours en moi. Je sais maintenant qu’on ne peut perdre son âme et que la mort est illusoire. Tendrement, Annouchka |
Méditation poétique de Stéphan Daigle sur la notion de l'identité humaine en regard de notre environnement naturel. Elle est associée à mon poème que je chante et qui questionne aussi la notion d'identité.
Improvisation Hélène Élise Blais et Annouchka Gravel Galouchko, 2004
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